“On n’est ni chez Saddam Hussein, ni chez Kadhafi !” C’est en ces termes que l’ancien ministre en chef du Pendjab indien, membre du Parti du Congrès (gauche), a réagi à la censure qui vient de frapper le dernier film du réalisateur Anurag Kashyap, rapporte The Economic Times.

Intitulée Udta Punjab, cette fiction met en scène des stars de Bollywood comme Shahid Kapoor, Alia Bhatt et Kareena Kapoor, et plonge au cœur du trafic de drogue dans cette région du nord de l’Inde frontalière du Pakistan. Le Central Board of Film Certification (CBFC) a ordonné que le mot “Punjab” soit retiré du titre et a coupé 89 passages du film.


“L’affaire devient très politique”remarque The Economic Times, alors que des élections doivent se tenir dans cet Etat au printemps 2017. Le gouvernement en place, formé d’une coalition incluant le Parti du peuple indien (BJP) de Narendra Modi, estime que le film est “diffamatoire”, parce qu’il sous-entend que le contrôle de la frontière pakistanaise n’est pas assuré, la drogue provenant la plupart du temps du pays ennemi voisin.

Colère du côté de Bollywood

Bollywood, pour sa part, est en émoi : l’association des réalisateurs réclame “la démission” de Pahlaj Nihalani, le président du CBFC, qui se trouve être un proche du Premier ministre indien.

La colère est d’autant plus forte que Pahlaj Nihalani accuse Anurag Kashyap “d’avoir financé son film avec le soutien du Parti de l’homme ordinaire (AAP)”, la formation anti-corruption qui dirige l’assemblée régionale de Delhi et qui ambitionne de prendre le pouvoir au Pendjab, souligne The Hindustan Times. Le chef de la censure devrait “maîtriser ses ardeurs”, estime le journal de Bombay dans son édito du 9 juin, “il ferait mieux de s’en tenir à sa mission, celle de certifier les films, plutôt que d’essayer de diriger le cinéma indien en coulisse”.